Généralités et définitions
:
Pathologie à la fois métabolique et vasculaire.
C’est la principale cause de décès dans les pays à niveau de vie élevé.
Les deux termes sont souvent employés indifféremment en clinique , mais en fait leur
définition est différente :
• athérosclérose : définition de l'OMS : " association variable de remaniements de
l'intima des grosses et moyennes artères consistant en une accumulation segmentaire
de lipides, de glucides complexes, de sang et de produits sanguins, de tissus
fibreux et de dépôts calcaires, le tout accompagné de modifications de la média".
• athérome : "présence au sein de l'intima des vaisseaux d'une plage de nécrose particulière
( bouillie athéromateuse) riche en lipides".
En somme , l'athérome est un des constituants de l'athérosclérose (ATS).
De plus, il
ne faut pas confondre ATS et artériosclérose ; l'ATS est une des formes de l'artériosclérose,
la plus importante mais pas la seule.
Artériosclérose : affections artérielles chroniques englobant :
• outre l'ATS
• l’artériosclérose (fibrose des artères plus petites)
• la médiacalcose de Mönckeberg caractérisée par des calcifications de la média des
artères musculaires.
Etude anatomopathologique
:
A - Lésions initiales
:
1- Macroscopie :
Trois aspects possibles :
• élevures gélatiniformes : petites élevures translucides faisant saillie dans la
lumière vasculaire.
• stries lipidiques : lésions les plus caractéristiques et les plus fréquentes ; bandes
jaunâtres de quelques millimètres à 1 cm de long, étroites, allongées dans le sens
du courant.
• aspects réticulés : réseau formé par l'enchevêtrement des deux lésions précédentes.
2- Histologie :
• Accumulation au niveau de l'intima de cellules histiocytaires chargées de lipides
"spumeuses".
• Oedème interstitiel de l'intima, riche en mucopolysaccharides acides.
• Quelques lésions débutantes des lames élastiques les plus internes commencent à
apparaître.
3- Evolution :
• Soit les élevures gélatiniformes et les stries lipidiques peuvent disparaître (c'est une
simple surcharge au début)
• Soit elles vont évoluer vers la plaque athéroscléreuse.
B - Plaque athéroscléreuse
:
Lésion caractéristique de l'ATS constituée.
1- Macroscopie
:
Deux aspects :
• plaque laiteuse : formation lenticulaire inférieure à 1 cm, ne faisant que peu saillie
dans la lumière, de surface lisse, brillante.
• plaque chondroïde : la plus fréquente, irrégulièrement arrondie de 3 à 4 cm de diamètre
sur 1 à 5 mm d' épaisseur , faisant nettement saillie dans la lumière, s'enfonçant
dans la média, de douleur blanc-nacré , de consistance dure "cartilagineuse" à
la coupe (d'où le nom donné ), présentant en son centre une bouillie grumeleuse, jaunâtre
(bouillie athéromateuse) entourée d'un tissu blanc -nacré.
2- Histologie
:
• plaque laiteuse :
accumulation dans l'intima de mucopolysaccharides, parfois de fibrine.
les cellules chargées de lipides (cellules spumeuses) venues de la média sont toujours
présentes et augmentent en nombre.
sécrétion de collagène au contact des dépôts.
• plaque chondroïde : aspect plus évolué.
Nécrose de certaines cellules spumeuses et du tissu conjonctif , donnant aussi une
accumulation de lipides extracellulaires sous forme de cristaux d'acides gras et de
cholestérol .
Autour de cette nécrose, formation d'un véritable " granulome" ( voir chapitre inflammations granulomateuses spécifiques) avec néocapillaires à paroi fragile et sclérose
collagène.
Ces lésions s'enfoncent dans la média et s'accompagnent à leur contact , d’une fragmentation
des lames élastiques , d’une fibrose interstitielle avec disparition des fibres
musculaires lisses
Des néocapillaires à paroi fragile, venus de vasa-vasorum traversent la média et
pénètrent la plaque.
C - Evolution :
A partir de la plaque athéroscléreuse, il s’agit d’un processus irréversible
• Calcifications en coquilles d'oeuf (surtout aorte) ou en tuyau de pipe (coronaires).
• Sténoses artérielles : surtout dans les artères moyennes.
• Hémorragies intrapariétales : à partir des néovaisseaux, donnant parfois une augmentation
brutale de volume de la plaque et aggravant la sténose.
• Anévrysme.
• Thromboses, complication la plus fréquente, sur plaques ulcérées ou non, par
extension et confluence des plaques
• Embolies athéromateuses ou fibrinocruorique.
Siège des lésions. Localisation des plaques athéroscléreuses
:
Elles se développent plus volontiers où le flux laminaire du sang est perturbé (bifurcations
artérielles, départ des collatérales).
Aorte : rare sur l'aorte ascendante thoracique, calcifications en coquille d'oeuf du
sommet de la crosse.
Aorte thoracique descendante : fréquente, avec tourbillons et
ulcérations. Aorte abdominale sous-rénale : fréquence des anévrysmes athéromateux.
Coronaires : fréquentes plaques sur les premiers centimètres (atteinte tronculaire).
Artères cérébrales : bifurcation carotidienne, artère sylvienne, tronc basilaire.
Artères rénales : les sténose athéroscléreuses peuvent donner une atrophie du rein
avec hypertension artérielle réno-vasculaire surajoutée.
Artères des membres inférieurs : iliaque, tiers inférieur de l'artère fémorale, artère
poplitée (anévrysme) : fréquence.
Artères digestives : rare
Artère pulmonaire : jamais, sauf si hypertension pulmonaire majeure.
Il faut souligner l'importance des localisations multiples chez le même sujet : "polyathéroscléreux".
Facteurs étiopathogéniques
:
A - Etiologie :
Augmentation de fréquence avec l' âge ("le vieillissement artériel fait le lit de l'ATS"
BOUISSOU), mais les premières lésions apparaissent très tôt dans l' adolescence
(autopsies des soldats américains tués pendant la guerre de Corée , autopsies de
jeunes accidentés de la route).
Le plus souvent les complications cliniques n'apparaissent
que vers la cinquantaine.
Facteurs de risques :
Les trois principaux sont le tabagisme, l' hypertension artérielle et les hyperlipidémies
(soit hypercholestérolémie familiale génétique, soit hyperconsommation de lipides
saturés alimentaires d'origine animale).
Les hommes sont atteints 10 ans plus tôt que les femmes ( protection par les oestrogènes),
mais à 75 ans le pourcentage des complications est le même dans les deux
sexes.
L'obésité androïde, le diabète , la sédentarité jouent un rôle.
Toutes ces notions se
retrouvent dans une prédisposition génétique à l'athérosclérose, d'où l'importance
des antécédents familiaux.
B - Pathogénie
:
Intrication de facteurs sanguins et pariétaux.
Origine des principaux constituants :
• les lipides viennent :en grande partie des lipides circulants, peut être en partie synthétisés
par les myofibroblastes,
• la fibrine provient du sang,
• l'oedème est secondaire à des lésions endothéliales qui rendent l'endothélium plus
perméable ; il y a un débordement des possibilités de drainage de la paroi (les
lésions endothéliales sont dues à l'HTA et aux turbulences locales).
Il y a autant
de morts par athérosclérose coronaire que par les cancers plus les maladies pulmonaires
plus les accidents de la route réunis soit 200.000 par an en France.
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