Apaiser le système immunitaire par la mort programmée

    Pour contrecarrer l’auto-immunité, des chercheurs suisses utilisent les propriétés tolérogéniques de l’apoptose.
    Comment reprogrammer un système immunitaire incontrôlable ? Des chercheurs de l’École polytechnique fédérale de Lausanne sont parvenus à rééduquer des lymphocytes T, responsables du diabète de type 1 (DT1). Grâce à une protéine modifiée, ils ont ciblé précisément les lymphocytes CD4+ et CD8+, impliqués dans la pathologie auto-immune. Testée sur un modèle murin de DT1, cette approche a permis une disparition totale des hyperglycémies liées à la maladie.

    À l’origine de ces recherches, on trouve une observation simple : des milliards de globules rouges meurent chaque jour par un mécanisme naturel et programmé, et chacun de ces événements influence positivement l’immunité. « Notre idée consiste à associer une protéine visée par le système immunitaire à un événement apaisant, comme la mort programmée des globules rouges afin d’abaisser l’intensité de la réponse immunitaire », explique Jeffrey Hubbell, co-auteur de l’étude. Pour ce faire, les chercheurs ont construit une protéine de fusion ciblant la surface des hématies qui induit la signalisation PD1, réputée pour inhiber la prolifération anormale des lymphocytes T. Il suffit ensuite d’administrer cette construction moléculaire par voie intraveineuse.
    En associant la mort programmée des érythrocytes à la signalisation PD1, les chercheurs ont ainsi réussi à rééduquer les lymphocytes. « Le succès est total. Nous avons pu réduire à zéro la réponse immunitaire responsable du DT1 chez nos souris », explique le chercheur.
    Pour Stephan Kontos, premier auteur de ces travaux, cette approche a comme principal atout son extrême précision. « Notre méthode présente très peu de risques et ne devrait pas induire d’importants effets secondaires, dans la mesure où nous ne ciblons pas le système immunitaire dans son entier mais uniquement les lymphocytes T impliqués. »
    Cette même méthode pourrait s’avérer extrêmement prometteuse pour le traitement de la sclérose en plaques ou d’autres maladies auto-immunes. Les biologistes viennent de lancer leur start-up , Anokion, sur le campus lausannois et prévoient des essais cliniques au plus tôt en 2014.
    Kontos S et al. (2012) Proc Natl Acad Sci USA,
    doi:10.1073/pnas.1216353110

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