Des petits ARN pour réparer le cœur

    En restaurant l’aptitude régénératrice des cardiomyocytes, des micro-ARN démontrent la faisabilité d’une médecine cardio-régénératrice.
    À cœur vaillant, rien d’impossible dit le vieil adage. Pourtant seul 1 % des cardiomyocytes est renouvelé chaque année, chez le jeune adulte. Et cette capacité de régénération ne fait que décliner avec l’âge.
    Une détérioration que les micro-ARN (miARN) pourraient stopper. En effet, grâce au criblage d’une banque de plus de 800 miARN synthétiques d’origine humaine, des chercheurs du Centre international d’ingénierie génétique et de biotechnologie de Trieste, en Italie, ont sélectionné des candidats capables de relancer la prolifération des cellules musculaires cardiaques.
    En s’appuyant sur des cultures de cardiomyocytes de rat, les biologistes italiens ont ainsi sélectionné un premier lot de 204 miARN augmentant significativement la prolifération des cellules cardiaques. Afin d’affiner leur sélection, ils les ont ensuite testés sur des cardiomyocytes de souris et obtenu 40 candidats parmi lesquels ils ont choisi deux miARN particulièrement performants.
    Ces deux petits ARN ont ensuite démontré ex vivo et in vivo leur aptitude régénératrice. En culture, ils induisent la cytokinèse – division du cytoplasme en fin de méïose ou de mitose – et la prolifération de cellules de rats adultes. Le même résultat est observé sur des cœurs de rats traités par ces miARN via un vecteur viral AAV (Adeno-Associated Vector) comparable à ceux utilisés en thérapie génique. Encore plus fort : l’injection de ces petits ARN permet de réparer et de restaurer partiellement la fonction cardiaque de souris après un infarctus.
    Néanmoins, croire que ces petits ARN seront d’ici peu des outils thérapeutiques est trompeur. Si d’après les résultats des biologistes italiens, ils ne semblent pas modifier le métabolisme des autres tissus cardiaques, leur nature très liante pourrait induire de nombreux effets parasites. D’autant que trouver la ou les protéines responsables de ce pouvoir régénératif est un exercice extrêmement complexe : pas moins de 1 700 gènes présentent des profils de transcription modifiés sous leur action.
    Eulalio A et al. (2012) Nature,
    doi:10.1038/nature11739

    Cœur de rat nouveau-né traité avec un miARN qui augmente la prolifération des cardiomyocytes, les nouvelles cellules sont marquées en rouge.
    © Eulalio et al.

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